Grégory Macqueron, coach professionnel pour dirigeants & entrepreneurs et passionné d’échecs depuis l’adolescence, est le président fondateur et entraineur bénévole du club « L’Attaque d’Euphron – Pibrac Echecs », basé à Pibrac près de Toulouse. Au bout de deux ans, le club compte déjà une centaine de licenciés, connait de nombreux succès et fait partie du paysage échiquéen de la Haute-Garonne. Il nous livre la philosophie qui anime son club d’échecs.
Comment est né le club ?
J’ai commencé à jouer aux échecs vers 12/13 ans. Après une longue pause, j’ai repris les échecs au club d’Airbus (CATE) vers 2015, où j’ai eu la chance de vivre sur 7 ans une superbe expérience humaine et sportive. J’ai tenté d’y lancer un projet « jeunes » qui n’a pas pu aboutir. Cela m’a donné l’élan de créer le tout premier club d’échecs de Pibrac ; la ville où je vis.
Apéros, repas, soirées, tournois…
Au lancement en octobre 2023, le succès a été immédiat dès le forum des associations. Nous avons terminé la saison avec 50 licenciés, de 5 à 78 ans, dont près de 30 % de joueuses — un chiffre bien supérieur à la moyenne nationale. Le club s’est voulu dès le départ ouvert, inclusif, convivial. Nous avons proposé des apéros, repas, soirées, tournois… Un vrai lieu de lien social. Ma compagne Bénédicte, très engagée dans la communication et le graphisme, a beaucoup contribué comme Laurent, notre trésorier et entraineur ou comme nombre de bénévoles. Magnifique logo, collection de vêtements, tournois des familles, soirées karaoké, on essaye de donner une image dynamique des échecs depuis le début.
Pourquoi ce nom « l’Attaque d’Euphron ? »
Euphron est le dieu des sports, frère de Venus. Il créa le jeu d’échecs comme cadeau pour que le dieu Mars gagne le cœur de Caïssa qui devint ainsi la célèbre déesse des échecs. « L’attaque d’Euphron », au-delà d’une idée qui m’est subitement apparue lors d’une soirée pijama avec ma fille, c’est aussi un jeu de mot désignant le style de jeu offensif et romantique que je défends depuis mon plus jeune âge, sous l’influence de mes idoles que sont Kasparov ou encore Bobby Fisher. Je voulais un nom qui évoque le courage et l’engagement.
C’est surtout sur le plan humain que la fierté est immense...
Et comment s’est passé la deuxième année ?
Notre deuxième saison a confirmé l’élan : près de 100 licenciés, une communauté fidèle, intergénérationnelle et avec une quinzaine de nationalités différentes ! Côté résultats, l’année est exceptionnelle : plus d’une douzaine de coupes déjà remportées depuis le début de saison (individuelles et collectives), adultes comme jeunes.
Mais c’est surtout sur le plan humain que la fierté est immense. De nombreux enfants gagnent en confiance et s’épanouissent grâce au jeu d’échecs et à l’ambiance du club. Des parents nous en parlent avec beaucoup d’émotion. Je n’imagine pas plus belle mission que d’aider ces bouts de chou à croire en eux, c’est presque un cadeau pour la vie que nous leur offrons, bénévoles et parents du club confondus.
Ce fût ma plus grande émotion échiquéenne...
Y a-t-il une performance sportive qui t’a particulièrement marqué ?
Sans hésiter, le championnat de France des écoles. L’école élémentaire du Bois de la Barthe (école publique), dont j’ai eu la chance d’être cette année le sélectionneur et l’entraîneur dans le cadre de cette compétition, sacrée championne départementale et championne académique, est ainsi allée jusqu’à la finale nationale qui s’est déroulée sur trois jours dans le Vercors.
Je précise que le championnat de France des écoles est une compétition « complétement à part », totalement déconnecté des clubs d’échecs et à laquelle participent directement les écoles, avec le plus souvent une implication forte du corps enseignant et/ou des directions d’école. L’équipe a fini dans le top 15 sur près de 2000 écoles participantes (publiques comme privées), se hissant ainsi à la 5e place des écoles publiques de France.
Ce fût tout simplement ma plus grande émotion échiquéenne depuis que je joue et entraîne. Voir ces enfants, parfois très peu sûrs d’eux, se révéler et devenir des champions et championnes, c’est inoubliable. Comment ne pas mentionner leurs parents qui sont absolument incroyables : hyper engagés pour les enfants et le club. Là où les clubs ou les écoles partent souvent en effectif « optimisé » pour les compétitions, je suis personnellement convaincu qu’avec les bonnes personnes, le bon cadre et le bon état d’esprit, partir en nombre avec un maximum de parents et de familles est un facteur clef de succès et d’épanouissement pour tous, même si ce n’est évidemment pas simple à organiser et gérer. Je pense que nous avons réussi à prouver que ça marche plutôt très bien !
Le club a-t-il été soutenu tout au long de ces deux années ?
Le soutien de la mairie de Pibrac, de Mme le Maire (ainsi que sa prédécesseuse) et de ses adjoints, a été essentiel. A titre personnel, j’ai été désigné “Pibracteur 2023”, récompense qui distingue les initiatives citoyennes marquantes en matière d’éducation, de lutte contre l’injustice sociale et pour l’égalité des sexes. La ville de Pibrac nous soutient activement, que ce soit sur le plan logistique ou lorsqu’il est question de mettre nos succès en lumière. Elle a accueilli nos championnes et champions scolaires pour une cérémonie officielle de remise des coupes et de distinctions de la ville, ce fut un moment inoubliable pour nos bouts de choux.
Nous avons également pu compter sur le soutien des autres présidentes et présidents de clubs du 31, du comité départemental et de la ligue – un grand merci à eux.
Plaisir, proximité, travail et fun...
Quels conseils donnerais-tu à un jeune club qui se lance et qui souhaite se développer ?
Mes conseils sont un peu la philosophie qui anime le club : plaisir, proximité, travail et fun !
Cela peut surprendre mais je préconise de ne pas trop mettre l’accent sur la performance mais plutôt de créer un cadre accueillant, inclusif, joyeux. D’abord, le plaisir et l’amusement, histoire de « désacraliser » un peu les échecs et rendre le jeu (même en compétition) beaucoup accessible.
L’objectif -à mes yeux du moins- n’est pas la performance à tout prix, mais l’épanouissement, la convivialité, le partage. Il faut savoir prendre du recul par rapport aux résultats et éviter de (se) mettre la pression. Si on gagne, c’est bien. Si on perd, on console. Le plus important, c’est le plaisir de se retrouver et vivre ensemble une expérience nouvelle, que je veux même inédite : il n’y a pas de limite à la créativité pibracaise !
Ensuite, la proximité. Je connais mes adhérents, leurs histoires, leurs passions. On crée du lien. L’épanouissement est essentiel et si les échecs viennent contribuer à leur équilibre, c’est merveilleux.
Enfin, le travail. On n’a pas peur de travailler dur, mais toujours dans un cadre bienveillant et équilibré. On essaye de valoriser le travail régulier, adapté au rythme de chacun. Permettre de bien connaitre ses fondamentaux est essentiel. Mais il faut aussi savoir rigoler tout en respectant l’adversaire.
Mais surtout, on met du fun partout ! C’est peut-être ça notre ADN finalement. Dernier exemple en date : un mythique “clash des mamans” en cadence rapide à la soirée de clôture de saison ! Et encore, je ne mentionne pas nos cultissimes soirées karaoké lors de nos déplacements pour les championnats jeunes…
Un dernier mot ?
Nous sommes fiers d’être Pibracais, et nous essayons aussi de rendre à la ville ce qu’elle nous donne. J’interviens parfois dans des lieux publics, comme les pubs ou cafés, pour organiser des simultanées, des débats thématiques, faire rayonner les échecs autrement.
Nous sommes au tout début de l’histoire. Le club souhaite continuer à grandir… sans se perdre. Je souhaite rester bénévole et gérer un club de 500 personnes, ce n’est pas mon souhait. Je veux que l’aventure reste humaine, joyeuse, familiale, unique.
J’aimerais vous confier un petit secret pour finir : la vérité se situe juste sous nos yeux depuis le début puisque euphrôn signifie en grec : « belle-âme » !

Pour contacter l’Attaque d’Euphron : PibracEchecs chez gmail.com